Dorian Gray peint sur iPhone

Entendu dans le monde selon Raphaël Enthoven, sur France Culture.

Dans OldBooth, une application iPhone vieillissant un visage, Raphaël Enthoven voit une passionnante leçon de philosophie. Il établit un parallèle entre la célèbre oeuvre d’Oscar Wilde, Le portrait de Dorian Gray et ce jeu pour iPhone – car ce n’est rien d’autre qu’un jeu ! Car au fond, qu’est-ce que vieillir intentionnellement son visage, si ce n’est après cette vision d’horreur souhaiter qu’il reste en l’état ? Dorian Gray, lui, voit son vœu exaucé… pour le meilleur ou pour le pire. Bien souvent, les gens sourient, si ce n’est rient en voyant leur visage vieilli. Ils se disent tout haut : « C’est moi, ça ? » Qu’il est difficile de se reconnaître en un autre ; on ne veut pas y croire, et pourtant on sait pertinemment que cela doit arriver. Enfin, et surtout, c’est se prendre pour Dieu : pour retrouver sa jeunesse, il suffit de secouer l’appareil et notre photo plus jeune réapparaît comme par magie. La technologie offre donc un semblant de pouvoir, feint de pouvoir nous rendre notre jeunesse. On se vieillit de cinquante ans, et hop on passe à autre chose.  « Le temps s’en va, le temps s’en va, madame, – Las! Le temps, non, mais nous nous en allons » raillait Ronsard.

À propos de Alexandre

Etudiant en médecine et journaliste en herbe.

Publié le 14 avril 2012, dans Philosophie, et tagué , . Bookmarquez ce permalien. Poster un commentaire.

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